1960 > 1970
La construction du quartier

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Beauvais est bombardée par les Allemands en 1940 puis par les Alliés. La ville médiévale composée de maisons à colombages prend feu. George Noël, architecte de Beauvais, se voit confier la dure mission de repenser et de réorganiser la ville. Dans un premier temps, il est associé à l’architecte Albert Parenty, auteur d’un plan urbanistique d’aménagement, d’embellissement et d’extension pour Beauvais en 1927 mais qui n’avait pas été mis en œuvre.

Le 6 février 1943, les villages de Notre-Dame-du-Thil, Marissel, Saint-Just-des- Marais et Voisinlieu sont rattachés à Beauvais et deviennent des quartiers. Tout comme d’autres territoires nouvellement annexés, celui de l’ancienne abbaye, constitué d’une friche et de quelques baraquements apparaît comme un lieu idéal pour y construire des logements. La France connaît une période de croissance, le niveau de vie s’améliore, le taux de natalité augmente et le chômage baisse, c’est l’époque des Trente Glorieuses (1945-1975). Le plan de George Noël appliqué, la municipalité beauvaisienne fait appel à Jacques – Henri Labourdette pour la construction d’habitations en centre-ville. Néanmoins, cela reste insuffisant et ne peut enrayer la pénurie de logements. Une partie de la population vit encore dans des baraquements. La municipalité s’intéresse dès 1950 à la friche de l’abbaye de Saint-Lucien. Il faut attendre 1959 et la cession des terrains à la Ville de Beauvais par la société HLM du Beauvaisis pour que les travaux soient envisagés. Le ministère de la Construction accepte le projet. La première pierre est posée le 4 août 1960. Ces années représentent une période durant laquelle Beauvais se métamorphose, la population passant de 26756 habitants en 1954 à 46777 en 1968. Poursuivre cette construction de 1115 logements, la Ville fait appel à André Hamayon, architecte en chef, et aux architectes R.Bunel et J.Goulletquer. Deux problèmes surgissent sur le chantier. La construction de tours et de barres impose de stabiliser le sol meuble et humide. Pour y remédier, des renforts sont effectués pour consolider les structures. Dans un même temps, des fouilles archéologiques mettent à jour des vestiges de l’abbaye Saint-Lucien, ce qui a pour effet de retarder les travaux. Dès1961, dans le sillage de la guerre d’Algérie, près d’un million de personnes sont rapatriées en France. La loi du 26 décembre 1961 fait obligation aux bailleurs sociaux de louer 10% des logements aux rapatriés. C’est ainsi que plusieurs familles sont relogées dans les immeubles de la Soie Vauban.

En 1962, le quartier compte 5000 habitants dont la majorité sont des familles. C’est pourquoi la Ville entreprend la construction de l’école Raoul Aubaud, aujourd’hui école de l’Europe. Elle ouvre ses portes le 30 septembre 1963 avec quatre classes primaires et une classe maternelle. L’ensemble est officiellement terminé en 1964. Un gymnase complète cet équipement en 1969. Suivront un centre commercial, une bibliothèque puis une halte-garderie dans l’immeuble D.

© Photographe
© Photographe
© Photographe

1970 > 1980
De nouveaux équipements, une vie qui s’installe

Les deux crises pétrolières des années 1970 ont eu pour conséquence une aggravation du chômage. La crise du logement laisse place à celle de l’emploi. Les jeunes des quartiers sont les premiers touchés. En 1980, cela entraîne de profonds bouleversements sociétaux et remet en cause le modèle des grands habitats collectifs, qui s’étiole. Face à cette réalité, la municipalité avec le concours des services de l’État et des bailleurs sociaux met en place une concertation citoyenne avec les habitants des quartiers. Au-delà de l’impatience légitime des locataires, cette concertation introduit un certain nombre de problèmes concrets : logements, sécurité, espaces publics et collectifs. Une des principales difficultés est d’envisager des solutions collectives plutôt qu’individuelles. Durant les années1980, et comme d’autres quartiers de la ville, la Soie Vauban bénéficie d’une réhabilitation. Logements et parties communes font l’objet d’améliorations significatives : des aires de jeux, un terrain de tennis et des jardins familiaux sont créés. Le parc de la Grenouillère au travers d’une réorganisation de ses espaces verts fait l’objet d’une revalorisation. Les aménagements piétonniers sont modernisés, en particulier sur l’avenue de l’Europe. Pour assurer la sécurité du quartier, une antenne de police est créée en 1988 pour répondre à une demande des habitants.

Dans la continuité de ces premiers aménagements, d’autres équipements sont implantés sur le quartier. Une résidence pour personnes âgées est construite rue du Prayon en 1984. Une Maison des Jeunes et de la Culture(MJC) est ouverte en 1985 au 2 de la rue Saint-Lucien. Elle préfigure la future Maison de quartier. Une partie de la rénovation du bâtiment est réalisée par des jeunes du quartier, accompagnés d’artisans. La MJC impulse des actions d’animation sur le quartier à travers des ateliers d’art, de sport,de loisirs, et d’autres événements comme les fêtes de quartier organisées à partir de 1985. La fête de quartier de 1992 est particulière, avec la création du concours de beauté Miss Soie Vauban. Pour le confort des parents, une crèche accompagnée d’une restauration scolaire et d’une bibliothèque sont inaugurées en 1986. La bibliothèque nommée Marcel Dubos propose des activités à destination du jeune public avec la création du journal «Krachht» qui permet aux jeunes du quartier de s’exprimer. Elle va également organiser des temps forts avec l’avenue de Philippe Valet de Charb, du journal satirique Charlie Hebdo, en 1997.

Le 15 mars 1994, l’association Un Terrain pour l’Initiative, les Loisirs et l’Éducation(UTILE)est créée dans le but de rassembler les habitants, d’échanger et de développer des projets. En 1996, elle s’installe dans la nouvelle maison de quartier, voulue par la municipalité et est inaugurée la même année. Elle propose des sorties en famille, des activités sportives et culturelles, du soutien scolaire, et à travers le Point Infos Jeunesse(PIJ), une aide à la
recherche d’emploi. Très rapidement, elle compte plus d’une centaine d’adhérents.

À la fin des années 1990, des médiateurs urbains sont mobilisés sur les quartiers à l’initiative de la Ville de Beauvais, de l’État et des bailleurs sociaux. Ils ont pour rôle de sensibiliser au respect des espaces communs et de favoriser les relations entre les habitants, les bailleurs sociaux et le service de la Ville.

© Photographe
© Photographe
© Photographe

1980 – 2000 : un renouveau s’annonce

Les deux crises pétrolières des années 1970 ont eu pour conséquence une aggravation du chômage. La crise du logement laisse place à celle de l’emploi. Les jeunes des quartiers sont les premiers touchés. En 1980, cela entraîne de profonds bouleversements sociétaux et remet en cause le modèle des grands habitats collectifs, qui s’étiole. Face à cette réalité, la municipalité avec le concours des services de l’État et des bailleurs sociaux met en place une concertation citoyenne avec les habitants des quartiers. Au-delà de l’impatience légitime des locataires, cette concertation introduit un certain nombre de problèmes concrets : logements, sécurité, espaces publics et collectifs. Une des principales difficultés est d’envisager des solutions collectives plutôt qu’individuelles.

Durant les années 1980, et comme d’autres quartiers de la ville, la Soie Vauban bénéficie d’une réhabilitation. Logements et parties communes font l’objet d’améliorations significatives : des aires de jeux, un terrain de tennis et des jardins familiaux sont créés. Le parc de la Grenouillère au travers d’une réorganisation de ses
espaces verts fait l’objet d’une revalorisation. Les aménagements piétonniers sont modernisés, en particulier sur l’avenue de l’Europe. Pour assurer la sécurité du quartier, une antenne de police est créée en 1988 pour répondre à une demande des habitants.

Dans la continuité de ces premiers aménagements, d’autres équipements sont implantés sur le quartier. Une résidence pour personnes âgées est construite rue du Prayon en 1984. Une Maison des Jeunes et de la Culture(MJC) est ouverte en 1985 au 2 de la rue Saint-Lucien. Elle préfigure la future Maison de quartier. Une partie de la rénovation du bâtiment est réalisée par des jeunes du quartier, accompagnés d’artisans. La MJC impulse des actions d’animation sur le quartier à travers des ateliers d’art, de sport, de loisirs, et d’autres événements comme les fêtes de quartier organisées à partir de 1985. La fête de quartier de 1992 est particulière, avec la création du concours de beauté Miss Soie Vauban.

Pour le confort des parents, une crèche accompagnée d’une restauration scolaire et d’une bibliothèque sont inaugurées en 1986. La bibliothèque nommée Marcel Dubos propose des activités à destination du jeune public avec la création du journal «Krachht» qui permet aux jeunes du quartier de s’exprimer. Elle va également organiser des temps forts avec la venue de Philippe Valet de Charb, du journal satirique Charlie Hebdo, en 1997.

Le 15 mars 1994, l’association Un Terrain pour l’Initiative, les Loisirs et l’Éducation (UTILE) est créée dans le but de rassembler les habitants, d’échanger et de développer des projets. En 1996, elle s’installe dans la nouvelle maison de quartier, voulue par la municipalité et est inaugurée la même année. Elle propose des sorties en famille, des activités sportives et culturelles, du soutien scolaire, et à travers le Point Infos Jeunesse (PIJ), une aide à la recherche d’emploi. Très rapidement, elle compte plus d’une centaine d’adhérents.

À la fin des années 1990, des médiateurs urbains sont mobilisés sur les quartiers à l’initiative de la Ville de Beauvais,
de l’État et des bailleurs sociaux. Il sont pour rôle de sensibiliser au respect des espaces communs et de favoriser
les relations entre les habitants, les bailleurs sociaux et le service de la Ville.

2000 à nos jours : les transformations de Saint-Lucien

En 2009, un Plan d’Action au sein des Quartiers (PAQ) est établi par la municipalité(1) et permet l’embellissement et la rénovation des protections des berges du Thérain. Pour décloisonner et réhabiliter le centre commercial Soie Vauban, des travaux d’envergure sont réalisés. L’OPAC de l’Oise en partenariat avec la Ville de Beauvais entreprend des travaux de réaménagement de la place centrale, par la construction d’un nouvel espace commercial et la création de 30 logements au-dessus des locaux commerciaux. La première pierre est posée le 21 mai 2012, et les travaux se terminent trois ans plus tard, le 26 novembre 2015.

En février 2014, la loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine fixe les objectifs et les moyens du Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain(NPNRU). 480 quartiers dont 200 d’intérêt national comme Argentine et Saint-Lucien vont pouvoir en bénéficier. L’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU) aide financièrement les porteurs de projet, à hauteur d’environ 10 milliards d’euros.

Le 1er juillet 2016, la signature du protocole de préfiguration entre l’ANRU, la Communauté d’Agglomération du Beauvaisis, la Ville de Beauvais, les bailleurs sociaux et les partenaires financiers, officialise le lancement de la rénovation urbaine. Des comités de suivi et de médiation sont mis en place pour faire le point sur l’état d’avancement des projets et le conseil citoyen est constitué le 5 avril 2016 sur volontariat et tirage au sort.

Le 4 décembre 2019, une déclaration d’engagement des projets est signée par l’ANRU et l’ensemble des partenaires : cela marque le lancement des travaux. Quatre grands piliers sont au cœur du projet : désenclaver et ouvrir le quartier sur le reste de la ville, animer la centralité du quartier, valoriser et révéler le potentiel paysager, rendre plus attractif le parc de logements et diversifier l’habitat. Le conseil citoyen est initialement composé de 20 membres dont un collège d’habitants(hommes et femmes à parité),et un collège d’acteurs locaux ou d’associations. Ces conseils citoyens participent à toutes les instances de pilotage du contrat de ville, y compris celles relatives aux projets de renouvellement urbain. Le but est de favoriser l’expression des habitants aux côtés des acteurs institutionnels, de co-construire les contrats de ville et les projets de renouvellement urbain et de stimuler et d’appuyer les initiatives citoyennes. Pour faciliter certaines démarches, les conseils citoyens d’Argentine et de Saint-Lucien se sont constitués en association. Dans le cadre du projet de nouvellement urbain, des ateliers à destination des habitant sont été animés par l’agence Traitclair afin d’échanger sur l’avenir du quartier. Lors de ces ateliers, plusieurs thématiques définies avec les habitants ont été abordées comme «Habitats et logements», «Centralité du quartier et commerces», «Déplacements et stationnements» et «Le parc de la Grenouillère ». La sécurité, thématique transversale, a été questionnée à chaque atelier. Les conclusions des ateliers ont été communiquées aux bureaux d’études en charge du suivi du projet pour examen. La synthèse des ateliers a permis à l’agence ARVAL, cabinet d’architecture, de proposer les premiers plans de projet, de donner une vision du futur quartier, en co-construction avec les habitants.

Dans cette perspective de renouvellement, la maison de quartier va laisser place à la Maison d’Activités et de Loisirs Intergénérationnels Culturels et Éducatifs(MALICE). Celle-ci va accueillir des actions à destination du jeune public et des familles, la Médiathèque et la Maison du projet du NPNRU. La construction de la MALICE est fïnancée par l’État via la dotation de développement urbain(DDU). En 2018, le gymnase Raoul Aubaud est requalifié via la dotation «Politique de la Ville» (ex-DDU). La Maison du projet aura pour mission de réunir les habitants et l’ensemble des partenaires, ainsi que les associations et les acteurs locaux, en organisant des événements et des rencontres autour du projet de renouvellement urbain. Ce projet Mémoires des quartiers, mémoires partagées retrace une partie de l’histoire du quartier et de Beauvais, il appartient désormais aux habitants et aux associations de construire son avenir.

© Photographe
© Photographe
© Photographe

Remerciements

Le projet Mémoires des quartiers, mémoires partagées a été réalisé par l’association Archipop en collaboration avec la Communauté d’Agglomération du Beauvaisis et la direction Politique de la Ville et Renouvellement Urbain. Nous tenons ici à remercier les personnes qui ont accepté de nous confier leurs documents et pour certains de livrer devant la caméra quelques souvenirs de présence dans le quartier: Jacques Anselme, Lucette et Claude Aury, Thierry Aury, Serge Barette, Philippe Boile, Blandine Bouré, Jean Cartier, Christianne Couturier, Vincent Croc, Camille Desmé, Francis Dubuc, Ender Ekinci, Jean-Marc Fémolant, Marie-Louise Fernandez, Jacqueline Fontaine, Roger Glodt, Jean Grébouval, Edmonde Helbert, Joachim Klein-Bardagi, Dominique et Jean-Michel Langlet, Etienne Lemaire, Guy Lokhiri, Sylvie Matrat, Francis Meurgey, Max-Jim Plouvier, Jean-Pierre Poher, Tansel Senol, Joachim Wattelin, Hassan Younes.

Nous remercions également les associations, les institutions et les services qui ont partagé leurs documents d’archives ou leur connaissance du quartier, permettant de comprendre mieux certains volets de son histoire : les Archives Départementales des Hauts-de-Seine, les Archives Départementales de l’Oise, les Archives Municipales de Beauvais, l’ASCA, l’Association de défense des locataires, ATD Quart monde, Club féminin Argentine loisirs Marie-Antoinette Leclerc, Collège Henri Baumont, le conseil citoyen, IFEP, Itinér’air, Ludoplanète, MAJI, la Médiathèque Argentine, OPAC de l’Oise, Photo club de Beauvais, ROSALIE, TCAB.

Remerciements particuliers à Adrien, Arthur, Cécile, Claude, Frédéric, Jef, Mellie, Mohamed et Séverine.

Télécharger les frises au format PDFFichier PDFTélécharger

Pages précédentes et suivantes